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Le Bac à la Cube, près de Quenouille est toujours plein d'eau; description de la brochure "Les hauts de Quenouille"
En partant de Quenouille, prendre la route de Beaumont. On passe à la sortie du village devant un ancien abreuvoir, malheureusement à sec. Un peu plus loin, on traverse le ruisseau des Moulins qui prend sa source au sud-est dans une petite tourbière.    

Avant de remonter au col de Quenouille, on aperçoit sur la gauche une
curieuse construction entourant un arbre. Il s’agit d’un essai construit par des apprentis maçons. Arrivés au col (altitude 696 m), nous croisons une piste forestière. Sur la gauche, à 30 m, on aperçoit les vestiges de la carrière du père Chaumont qui a alimenté les habitants de Quenouille, et probablement ceux de Beaumont et du Monteil. 
Nous allons prendre à droite le chemin forestier qui mène au Grand Grammont. À 300 m environ, sur la gauche, dans une parcelle boisée des sectionnaux de Quenouille, on aperçoit, sur le flanc de la colline, le fameux Bac à La Cube, déjà distingué sur le cadastre Napoléon.

Description :
Matière : Granite monobloc, il pèserait environ 3 tonnes.
Forme et caractéristiques : taillé dans un seul bloc de pierre, le fond est rectiligne (2 m 17 pour une épaisseur de 18 cm environ). Depuis le fond, forme à peu près en arc de cercle, avec une entaille devant : 2 m 10 entre les deux. La hauteur est difficile à définir, car le bac est bien enfoncé dans le sol. On devine quelques
marches, à l’extérieur, derrière le bac, qui permettent de gagner le sommet du fond du bac.
À l’intérieur : il existe une marche tout le long du fond, à 43 cm du bord supérieur (largeur = 20 cm ?). La profondeur est de 85 cm au fond et 75 cm près de l’encoche de trop-plein.

Histoire ou plutôt légendes :
Les habitants du pays l’appellent la « baignoire de César ». Ce bac n’a pourtant rien de romain, d’après les historiens.

D’après Grignard (vers 1830) : 
« Le Bac-Lacube. Ce monolithe extraordinaire, dans un endroit où il n’y a jamais eu d’extraction de rochers, présente une longueur de 2 m 35 sur 1 m de large et 1 m 50 de hauteur. Un banc massif, de toute la largeur
interne, et haut de 0 m 50, a été aménagé dans l’intérieur. Cette masse d’environ 3.000 kil repose comme accidentellement sur deux blocs. Les gens de la contrée font remonter ce bac singulier au temps de César. »

Céline Chulsky (historienne gallo-romaine) :
« Forme effectivement pas très romaine, surtout s’il n’y a pas d’arrivée d’eau. Il n’y avait habituellement pas de construction en dur pour les cérémonies avant l’arrivée des Romains. L’origine possible serait donc plutôt à partir de 350 apr. J.-C.
Pour l’arrivée de l’eau : ça peut être branché sur une petite source ou mini-rivière au fond comme beaucoup de bassins très anciens, mais pour vérifier ça il faut le vider. Il y a des écoulements de cette nature partout dans le sol, à plus forte raison en
Limousin. Il suffit de très peu, je crois. Pourquoi pas effectivement un font baptismal paléo-chrétien construit comme un bassin rituel juif antique, je suppose qu’ils
faisaient un peu pareil dans les premiers temps. Ça se branche sur un tout petit débit d’eau et ça se remplit de pluie et de source en même temps. Il y a des marches. »
Ce bac est l’objet de toutes les histoires et de toutes les légendes. 

On note ainsi :
D’après Cousseyroux, 
Histoire de la ville et de la Baronnie de Peyrat-le-Château. 1904.
qui l’appelle Bô-lo-Cubo, mais reste assez peu crédible, il fait l’objet d’un culte religieux (avec pèlerinages), ainsi que la croix du Long qui aurait été située en face, de l’autre côté de la route. Les sieurs de Counouille auraient vu les attelages et leurs conducteurs frappés par la foudre alors qu’ils se préparaient à enlever ce bloc. Personne, dans le pays, n’a entendu parler d’un pèlerinage ou d’une croix.

Sur le site du lac de Vassivière:
« En patois “Lou Balo Cubo”, le monolithe ayant la forme d’un demi-cercle allongé. À l’intérieur est taillée une marche de 30 cm de largeur. Sur le côté opposé, une entaille pratiquée dans la pierre permet au trop-plein de s’écouler. Ce bassin conserve toujours de l’eau, même par grande sécheresse. Certains croient que le bac
est contemporain de Jules César. Une autre légende raconte qu’après avoir été déplacé par les gens du village, le bac revint à sa place tout seul. Maître d’oeuvre inconnu. Fait l’objet de diverses légendes. Propriété privée. »

Sur le site de Télé Millevaches :
Michel Ballot, ancien maire de Peyrat-le-Château (2008-2014) est plus précis et balaye rapidement les légendes pour arriver à l’essentiel et aux deux mystères qui planent sur ce bac : comment est-il alimenté, alors qu’il n’y a pas d’arrivée d’eau et qu’il est toujours plein ; enfin, comment est-il arrivé là, car il est posé sur le sol et n’a pas été taillé sur place.

D’après Marie-France Houdart -
L’eau, le diable, les saints : retour aux sources », page 100, éd. Maiade 2017. :
« Pierres guérisseuses : Le “Bac-la-cuve”, à Peyrat-le-Château, où l’on assoit les enfants pour les faire marcher. » Malheureusement, elle ne cite pas ses sources, donc simple hypothèse.

Mr Jean Meilhac-Devard aurait procédé à des fouilles. Le bloc est complètement détaché du sol et repose sur la terre végétale. Des débris de poteries anciennes auraient été retrouvés. 

Hypothèse de Jean M :
Étant donné les marches extérieures qui mènent au sommet du fond du bac et la marche intérieure de toute la longueur du fond, on peut envisager qu’il s’agisse d’un font baptismal, ou quelque chose d’équivalent dans une croyance loco-régionale, que l’on pourrait dater entre 350 et 600 apr. J.-C., vu la technique fruste de
construction. On peut aussi envisager une date beaucoup plus ancienne (avant les Romains), mais c’est peu plausible pour les historiens.
Le mystère est surtout celui de l’arrivée d’eau (il n’y a pas de source, donc uniquement eau de pluie !). Autre mystère : son emplacement. Il est sur le flanc d’une colline (la Cube) où il ne semble pas exister de gros bloc rocheux. Il aurait donc été amené ici. 

Beaucoup d’hypothèses et quelques légendes, mais aucune certitude et même rien dans la mémoire collective du village ou du bourg. C’est comme s’il ne s’était jamais rien passé ici. Alors, pourquoi pas quelque chose de très simple : un abreuvoir pour les bovins qui pouvaient pâturer sur cette colline sans source avant qu’elle ne soit boisée? Cet «abreuvoir » a pu être construit ailleurs et dans un autre but avant de finir ainsi. Cela
pourrait expliquer la marche à l’intérieur.